En cette période de Pâques, les manchettes des médias sont particulièrement affligeantes.

• 18 millions de personnes plongées dans une grave insécurité alimentaire au Soudan avec peu d’aide humanitaire en route ; pour la plupart, nous n’en avons pas conscience.
• Plus de 100 000 Arméniens arrachés à leur histoire, leur culture et leur foyer.
• Des centaines de milliers de Russes et d’Ukrainiens morts, mourants ou blessés dans une guerre d’agression dont la fin ne semble pas en vue.
• Gaza, Israël et toute la région à nouveau déchirés par la violence intergénérationnelle, la captivité, la souffrance, la mort et les représailles.
• Les températures moyennes mondiales en hausse de plus de 1,5 degré Celsius.

Ajoutez à ces gros titres la discrimination, les préjugés et le racisme persistants dans nos milieux, le long chemin à parcourir pour démanteler et corriger les histoires de marginalisation, d’assimilation et d’injustice, et une militarisation croissante fomentée par le mythe voulant que plus de violence apporte la paix et la sécurité.

En ce temps de Carême, nous pouvons nous sentir condamnés par notre complicité. Mais en ce temps d’introspection et de pénitence, nous pouvons aussi laisser renaître en nous le désir d’un cœur pur, l’aspiration à vivre pour l’amour plutôt que pour la haine, pour l’espérance plutôt que pour la peur.

Préservons cette clarté des attitudes et de l’action en nous tournant vers la lumière du matin de Pâques. Car le message de Pâques catalyse nos efforts vers la paix, au lieu de les dénouer ou de les réfréner.

Cette année, à l’approche de Pâques, nous pouvons accueillir la leçon des Béatitudes de Jésus comme une échelle vers le rétablissement de la paix, axée sur l’amour, l’espérance, la renaissance et la résurrection.

Considérez la méditation que voici.

Lecture à la lumière des Béatitudes (Matthieu 5)

Découragés par le barrage d’images
illustrant la guerre, la captivité
et le déracinement des personnes ;
horrifiés par des armements toujours plus meurtriers,
atterrés par les maisons en ruine,
alarmés par la haine et les préjugés,
Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des cieux est à eux. 

Frappés de chagrin,
hébétés par la distance,
confus et déconcertés,
indignés,
Heureux ceux qui pleurent,
car ils seront consolés. 

Aimer notre prochain, la terre,
et notre monde,
vaquer à nos tâches quotidiennes,
le cœur et l’esprit ouverts,
prendre soin de nous, de nos proches
et des écosystèmes,
Heureux les doux, car ils
recevront la terre en héritage. 

Faire preuve de bienveillance,
plaider pour la justice, la dignité
et les droits de la personne,
agir pour le climat et l’environnement,
dénoncer l’injustice,
lutter contre la violence et se tenir aux côtés des victimes,
Heureux ceux qui ont faim et soif
de la justice, car ils seront rassasiés. 

Tendre l’autre joue,
faire un pas de plus,
franchir les barrières,
écouter pour comprendre,
renoncer à ce qui nous est cher,
Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront miséricorde. 

En quête de clarté,
le cœur ouvert,
portant les espoirs et les rêves des uns et des autres,
transformés par l’amour,
en marche avec le Créateur,
Heureux les cœurs purs,
car ils verront Dieu. 

Retrouver l’unité perdue,
apprendre à croire,
pratiquer la restitution et la restauration,
édifier une culture de paix, de vérité et de réconciliation,
Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés enfants de Dieu. 

Jamais satisfaits,
jamais complaisants,
toujours prêts à se dépouiller,
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,
car le royaume des cieux est à eux. 

Les Béatitudes, une échelle vers le rétablissement de la paix

Inspirée par les écrits de Jim Forest, théologien et fondateur de la Catholic Peace Fellowship et de l’Orthodox Peace Fellowship, l’analogie de l’échelle présente les Béatitudes comme les barreaux d’une échelle. Au lieu d’en faire une liste aléatoire ou une simple séquence, l’analogie de l’échelle nous invite à voir chaque Béatitude comme culminant dans la suivante, comme la condition de possibilité du prochain échelon.

Le rétablissement de la paix est l’avant-dernier échelon de l’échelle (Matthieu 5, 9).

• Comment l’analogie de l’échelle vers le rétablissement de la paix vous aide-t-elle à trouver un nouveau sens aux Béatitudes et au cheminement vers la paix et vers le rétablissement de la paix ?

Jim Forest écrit que l’échelle des béatitudes est aussi l’histoire de la vie et du témoignage de Jésus dans les Évangiles.

• Comment l’analogie de l’échelle des Béatitudes vous aide-t-elle à relire toute l’histoire racontée par les évangélistes Matthieu, Marc, Luc et Jean ?

Prière tirée du Psaume 51

Crée en moi [nous] un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi [nous] mon [notre] esprit.

Ne me [nous] chasse pas loin de ta face,
ne me [nous] reprends pas ton esprit saint.

Rends-moi [nous] la joie d’être sauvé[s],
que l’esprit généreux me [nous] soutienne.

Pasteur Peter Noteboom
Secrétaire général
Le Conseil canadien des Églises