SANTÉ ŒCUMÉNIQUE
ET CORPS DU CHRIST
« Le corps, en effet, ne se compose pas d’un seul membre, mais de plusieurs »
I Corinthiens 12.14
Le Conseil canadien des Églises aborde la deuxième décennie de sa vie en mode de forum. Il serait donc approprié de rappeler au Conseil des gouverneurs comment nous en sommes arrivés là et les bénédictions que nous y avons trouvées.
Rappelons d’abord que le Conseil n’est pas un partenaire des confessions, mais qu’il est, depuis ses tout débuts en 1944, une création des ses Églises membres. Au long des cinquante premières années, nous avons reflété, pour une bonne part, les politiques et pratiques de nos plus grandes traditions fondatrices, dont l’anglicane, la baptiste, la presbytérienne et celle de l’Église unie. La composition et la voix de l’organisme dépendaient du nombre de membres et de la contribution financière.
Mais, comme saint Paul nous l’enseigne dans un autre passage de 1 Corinthiens et ailleurs, ni la taille ni la largesse ne l’emportent dans le royaume de Dieu.
Une minorité créative de membres du Conseil, dont l’ex-président Richard Schneider, ont donc élaboré une stratégie de pointe inspirée par l’Esprit, consistant à créer un modèle véritablement inclusif et responsable de gouvernance : le Forum du Conseil de direction du Conseil canadien des Églises.
Ils ont travaillé sans relâche tout au long du triennat 1994; à l’assemblée triennale de 1997 à Ottawa, leur concept sa traduisant par un accord.
On a pu cueillir immédiatement les fruits du Forum. De onze confessions dominées par les acteurs importants du Conseil, la composition du Conseil est passée à vingt et un membres. L’égalité des voix à la table assurée par le Forum a permis la formation d’un organisme œcuménique renouvelé réunissant des traditions aussi disparates que la Conférence des évêques catholiques du Canada et l’Église mennonite du Canada. Comme l’affirme avec justesse notre secrétaire générale, le CCE représente la coalition œcuménique coopérative la plus vaste et la plus profondément enracinée au monde; elle rassemble en effet les cinq grands courants de la chrétienté : anglicanisme, évangélisme et Église libre, Réforme historique, orthodoxie et catholicisme.
La décennie qui vient de se terminer s’est révélée satisfaisante, mais fait réfléchir.
Nous nous engageons régulièrement dans la périlleuse aventure de la révélation de soi à l’autre, apprenant de saint Paul que la diversité des membres est l’essence même du corps du Christ.
La compréhension mutuelle et un respect grandissant n’ont cependant engendré ni complaisance, ni harmonie fondée sur l’indifférence.
Le consensus qui préside à nos délibérations est souvent conquis de haute lutte et parfois difficile à atteindre. Un travail ardu joint à une patience qui est don de la grâce de Dieu nous a permis de mettre au point des protocoles et procédures qui font de nous un modèle pour les Conseils chrétiens, de Genève à Johannesburg.
Les compromis s’avèrent souvent nécessaires, mais jamais au prix des convictions. Comment pourrait-il en être autrement, alors que nos priorités et nos programmes découlent du témoignage et de la mission des confessions qui composent le CCE?
La secrétaire générale et le Comité exécutif du Conseil de direction établissent les programmes du Conseil des Églises pour une année à la fois, s’efforçant d’équilibrer prière, travail et témoignage – tâche particulièrement exigeante, étant donné la résolution, prise en 2007, de tenir la réunion printanière du Conseil dans la capitale nationale, pour que nous puissions nous présenter au Parlement pour proclamer la pouvoir de la vérité.
Les réalités du Forum ont certes valu plus d’humilité à notre témoignage, mais il s’agit d’un état de choses conforme à notre mission et à notre mandat.
La voix avec laquelle nous parlons au monde doit son intégrité à notre témoignage commun dans le Christ. Nous avons pour première obligation d’être toujours le Corps du Christ dans une amitié œcuménique, de nous montrer mutuellement le Christ grâce à la beauté de nos traditions individuelles et de témoigner au monde de la diversité divine qui est l’Église universelle.
Le travail de nos Commissions et comités et notre impact sur la société canadienne et sur le monde constituent une « valeur ajoutée ».
En tant que Conseil, il faut toujours faire preuve de vigilance dans notre gérance et de discipline dans notre planification stratégique. Nous devons cependant, à l’exemple des filles avisées et de l’époux, nous montrer souples dans le respect de nos programmes. C’est sur sa route, et non pas sur la nôtre, que nous suivons le Christ ressuscité. Il fait sans cesse « toutes choses nouvelles » et la surprise est notre constante compagne.
Dans cette nouvelle décennie tout comme dans la précédente, il serait sage de faire nôtre l’attitude du grand historien Herbert Butterfield : « Attachez-vous fermement au Christ; pour le reste, abstenez-vous de tout engagement. »
Le Très Rév. James Christie
Président, Conseil canadien des Églises
9 novembre 2008
quelque part au-dessus de l’Atlantique