Rapport de la Révérende Docteur Karen Hamilton sur sa visite aux Nations Unies (SE PRÉPARER POUR LA PAIX EN IRAK)

Ci-dessous, le rapport de la Rév. Karen Hamilton, et enfin, la prière.

Le lundi 24 mai 2004, la Rév. Karen Hamilton, secrétaire générale du Conseil canadien des Églises et un groupe d’autres principaux dirigeants religieux des États-Unis et d’autres pays rencontraient Kofi Annan, secrétaire générale des Nations Unies. Leur rencontre avait pour objet de discuter des possibilités offertes par l’engagement des Nations Unies en Irak. On trouvera ci-dessous le rapport de Mme Hamilton.
(PRIÈRES À SUIVRE…)

Se préparer pour la paix en Irak
26 mai 2004

“…martelant leurs épées, ils en feront des socs, de leurs lances ils feront des serpes. On de brandira plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à se battre. ” Ésaïe 2.4 Ces paroles écrites sur le mur d’un tranquille petit parc situé juste en face des édifices des Nations Unies sont à la fois un témoignage et une contestation de tout ce qui se passe de l’autre côté de la rue; elles sont un témoignage et une mise en cause de tout ce que nous, en tant qu’Églises, prétendons être. Conformément à ces paroles des Écritures et aux lettres où les dirigeants des Églises, en 2003 et en 2004, pressaient le premier ministre du Canada de ne pas engager notre pays dans la guerre contre l’Irak et après avoir consulté de la Commission Justice et Paix du Conseil canadien des Églises et de Project Ploughshares et de Kairos, j’ai accepté l’invitation du National Council of Churches (États-Unis) à rencontrer avec lui le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan. La rencontre du 24 mai 2004, demandée par le NCC et acceptée personnellement par Kofi Annan, avait pour objet de discuter de la situation en Irak, et plus particulièrement du rôle des Nations Unies lors de la passation prochaine des pouvoirs à ce pays. Participaient à cette rencontre de quarante-cinq minutes, tenue le 24 mai à 12 h 30 : Le Rév. Robert Edgar, secrétaire général, National Council of Churches Le Rév. Keith Clements, secrétaire général, Conférence des Églises d’Europe La Rév. Karen Hamilton, secrétaire générale, Conseil canadien des Églises Le Rév. Paul Renshaw, secrétaire coordonnateur, affaires internationales, Churches Together in Britain and Ireland L’évêque Vicken Aykazian, légat diocésain, Diocèse de l’Église arménienne d’Amérique L’évêque Mark Hanson, évêque président, Église évangélique luthérienne d’Amérique Le Rév. Cliff Kirkpatrick, clerc correspondant, Église presbytérienne des États-Unis Le Très Rév. Leonid Kishkovsky, officier Œcuménique, Église orthodoxe en Amérique Le Rév. Michael Livingston, directeur administratif, International Council of Community Churches M. James Winkler, secrétaire général, Église et Société, Église méthodiste unie M. Antonios Kireopoulos, secrétaire général adjoint, Affaires internationales, National Council of Churches Furent également invités ou participèrent par correspondance le secrétaire général du Conseil des Églises de l’Afrique, le Conseil des Églises du Moyen-Orient et la Conférence américaine des évêques catholiques. La rencontre proprement dite avec le secrétaire général des Nations Unies, qui s’est tenue le 24 mai, avait été précédée d’un long travail de préparation. Plusieurs des Églises du Conseil canadien des Églises se préoccupent depuis longtemps des problèmes de l’Irak, comme en témoignent leurs lettres et la pétition ” Se préparer pour la paix en Irak “, lancée sur le site Web de Project Ploughshares. Lorsque nous avons entendu parler de la rencontre avec Kofi Annan (j’étais dans le parc de stationnement du couvent des Sisters of St. Joseph, à la fin de la réunion de notre Conseil de direction), le secrétaire associé de la Commission Justice et Paix, Peter Noteboom, a entamé immédiatement le processus de négociation. Par l’entremise d’appels téléphoniques, d’appels conférence et de courriels, nous avons consulté Ernie Regehr, directeur de Project Ploughshares, ainsi que Kairos et un bon nombre de membres de la Commission Justice et Paix du CCE. Les sages et sérieuses réflexions de tous m’ont grandement aidée à me préparer à la rencontre. Je possédais une solide base de renseignements sur les opinions des Églises canadiennes sur ce sujet des plus épineux. Nous avons également émis un communiqué de presse prévenant les médias de la visite prochaine. Le processus de consultation canadien reposait essentiellement sur l’idée que nous jouerions, lors de cette rencontre, un rôle de nature pastorale. Nous voulions apporter un appui ferme au National Council of Churches des États-Unis dans cette partie d’un processus long et ardu, mais passionné et engagé, qui les oppose à la position du gouvernement américain sur l’Irak. Nous leur avons certes manifesté notre appui en maintes occasions depuis un an, mais nous avons vu dans la situation actuelle une occasion de le faire avec plus de vigueur et de visibilité. Nous voulions également assurer une présence pastorale auprès de Kofi Annan, en faisant valoir que les Églises l’appuient dans le leadership possible des Nations Unies dans un effort pour jouer un rôle constructif dans l’établissement de la paix en Irak, que nous prions pour lui et que nous nous engageons à faire tout en notre possible pour faciliter ses démarches. Je me proposais aussi de lui demander, en particulier, ce que pouvaient faire les Églises du Canada pour assurer l’efficacité du rôle des Nations Unies et de rapporter une réponse. Nous voulions encourager le secrétaire général dans l’intérêt du peuple irakien et dans celui d’une paix juste et humaine dans l’ensemble dans la région, persuadés que les Nations Unies sont le seul organisme qui ait la moindre chance d’y parvenir. Nous nous proposions en outre de mettre en avant l’importance de l’engagement de la communauté plurireligieuse de l’Irak pour la suite des choses. Pour ma part, je me proposais de souligner l’importance de reconnaître dans l’engagement religieux un facteur à prendre en compte et de faire observer qu’un conseil plurireligieux serait extrêmement important pour l’établissement de la paix et de la sécurité des populations, mentionnant des travaux tels que ceux de la Conférence mondiale sur la religion et la paix. And a third major emphasis in my approach was to encourage wide international involvement and support as a part of the UN process and to talk about the whole region – asking what it would take to get all the countries of the region supporting the next steps in Iraq. Enfin, je voulais insister sur le fait que toute démarche des Nations Unies doit jouir d’un vaste appui de la communauté internationale; je voulais aussi parler de la situation de toute la région, demander ce qu’il faudrait faire pour appuyer les prochaines démarches en Irak L’étape suivante de la préparation à notre visite a consisté en une réunion d’information d’une heure et demie à New York, dans les bureaux des Nations Unies de l’Église presbytérienne des États-Unis (situés dans l’édifice de la Chapelle des Nations Unies), réunion qui s’adressait à tous ceux et celles qui allaient rencontrer le secrétaire général. Notre rencontre nous a permis de discuter assez librement de ce que, en tant que dirigeants d’Églises, nous allions dire et demander à Kofi Annan. Les points de vue exprimés dans notre perspective canadienne ont été favorablement accueillis et sont devenus une partie essentielle de l’ordre du jour de notre rencontre de midi trente avec M. Annan. Nous envisagions de lui demander, entre autres, ce qu’il faudrait aux Nations Unies pour pouvoir assumer ce rôle primordial, en soulignant qu’il était essentiel de ne pas laisser aux États-Unis la main haute qu’elle a actuellement sur la situation. Nous voulions aussi favoriser un processus capable d’assurer le plus rapidement possible la souveraineté de l’Irak, sachant qu’une paix durable ne marquerait pas seulement la fin de la violence, mais aussi celle de la pauvreté et de la souffrance. Profondément conscients que la situation actuelle en Irak est complexe et semée d’un grand nombre de questions de sécurité, de questions d’économie, de politique, de situation régionale et autres, nous nous proposions aussi d’encourager le secrétaire général à marquer de courage et de vision le rôle à jour par les Nations Unies dans l’engagement international en Irak. C’est par un hasard extraordinaire que le président Bush allait prononcer une allocution dans la soirée du jour même de notre visite aux Nations Unies et, plus important encore, que la résolution sur l’engagement international serait abordée par le Conseil de sécurité en ce même jour. Le secrétaire général nous a accordé un accueil empreint de chaleur et dignité. Notre visite, qui allait durer 45 minutes, a débuté, comme le veut la coutume, par une séance de photos, dont je devrais recevoir une copie cette semaine. Nous avons fait valoir les points prévus, de même que quelques autres, dont le désir, de la part des pays européens, de parvenir à un engagement multilatéral; nous nous sommes aussi demandé quelle forme prendrait une résolution pacifique et durable du conflit irakien. Je viens ici faire part aux Églises canadiennes de la réaction du secrétaire général à nos commentaires et à nos préoccupations, ainsi que de nos échanges avec lui. On y a exprimé avec insistance l’engagement à convier un rôle de leadership aux Nations Unies en Irak, en dépit des énormes difficultés inhérentes. On est déterminé à stabiliser le pays et à travailler avec les instances régionales et tous les pays membres des Nations Unies pour y parvenir. Il faut que le gouvernement intérimaire du pays soit pluriel et jouisse de l’appui de la région. Il faut s’assurer que le passage à la souveraineté soit intégral. On a beaucoup discuté, en outre, des composantes religieuses de la situation, soulignant que ce ne sont pas les éléments fondamentaux d’une religion qui posent des problèmes, mais leur interprétation. Il faut accepter la diversité, respecter la loi et savoir qu’on ne saurait sacrifier sous prétexte de sécurité les droits humains fondamentaux. Il est des choses bien précises que les Canadiens et les Églises canadiennes peuvent faire : nous pouvons, en collaboration avec nos politiciens, faire mieux comprendre que le monde est à la croisée des chemins et que les conflits mondiaux sont attribuables à des raisons diverses, dont la pauvreté et la dégradation de l’environnement. Nous pouvons aussi continuer de rappeler à nos Églises, au monde et à nous-mêmes que, aussi grave que soit la situation en Irak, de nombreux problèmes mondiaux, dont celui du sida/VIH, requièrent une intervention multilatérale. Enfin, vu que les Nations Unies ont désigné le 21 septembre comme Journée internationale pour la paix, on pourrait inviter les Églises membres à tenir à cette occasion des cérémonies de prière, à faire sonner les cloches des églises, etc. Au moment de serrer la main du secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, je lui ai confié que les Églises du Canada priaient pour lui. Sa réaction fut aussi chaleureuse et reconnaissante que spontanée. Cela aussi, nous devons continuer de le faire au nom du Christ. Prières pour les Nations Unies et pour son secrétaire général Kofi Annan… Dieu trois fois saint… Nous te prions en ce jour, nous souvenant de ta bonté à l’égard de ta création : vent et eaux qui renouvellent et rétablissent, plantes et animaux d’une merveilleuse variété. Nous te prions en ce jour, Nous souvenant de la vérité de ta création : femmes, hommes et enfants, tous à ton image; de ta proclamation : ” Bienheureux les pacifiques “. Nous te prions en ce jour, reconnaissant les souffrances du monde : violence et destruction, peur et haine, particulièrement en Irak. Nous te prions en ce jour, persuadés que l’avenir de l’Irak repose entre les mains des Nations Unies, de Kofi Annan et de la communauté internationale. Bienheureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu. Accorde-leur, accorde-nous tous le courage téméraire et la compassion, la détermination inébranlable et la créativité nécessaires pour éclairer de la lumière d’une paix juste et humaine l’Irak et chacun de nous. Accorde aux Nations Unies, à son secrétaire général, à cette région, à la communauté internationale et à nous tous les paroles et les actes d’amour et d’audace nécessaires pour transformer nos épées en socs de charrues, pour rendre la justice, aimer la bonté et marcher avec Dieu dans l’humilité. Bienheureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu. Accorde-nous cette grâce aujourd’hui, demain et à jamais, au nom de Jésus-Christ, dans la réalité de l’Esprit Saint. Amen

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