Le 30 septembre 2021
Nous soulignons aujourd’hui le premier jour férié fédéral institué en réponse à l’Appel à l’action no 80 de la Commission de vérité et de réconciliation, qui demandait une journée « pour honorer les enfants perdus et les survivants des pensionnats, leurs familles et leurs communautés ».
Au cours de la dernière année, la découverte avérée de tombes anonymes a mis en lumière plus que jamais la perte de vie, de culture et de dignité associée aux pensionnats.
Pour les 26 églises membres du Conseil canadien des Églises, cette journée est aussi l’occasion de reconnaître la complicité des églises chrétiennes qui ont collaboré au système des pensionnats autochtones, qui ont gardé le silence ou qui ont omis d’honorer l’héritage et la culture des communautés autochtones.
Nous déplorons le passé, mais aussi la persistance des préjugés et de la discrimination; nous recherchons le pardon et nous explorons des pistes de réconciliation. En tant que disciples du Christ, nous sommes résolus à tenir les engagements que nous avons pris dans l’Expression de réconciliation présentée lors de l’événement national final de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada à Edmonton, en Alberta, du 27 au 30 mars 2014. Nous renouvelons notre engagement à approfondir nos liens d’amitié et de solidarité, en nous efforçant de marcher ensemble sur les voies de notre Créateur.
Pour confirmer les engagements que nous avons pris en 2014 envers les survivants et les anciens élèves des pensionnats, envers les peuples des Premières Nations, des Inuits et des Métis et envers leurs descendantes et leurs descendants où qu’ils se trouvent, nous promettons :
- De lancer dans nos églises des programmes de sensibilisation afin de mieux connaître et comprendre le passé et, en particulier, les actions et les attitudes qui ont contribué aux préjudices que vous avez subis.
- D’opérer dans nos attitudes et nos manières d’agir les changements nécessaires pour créer et promouvoir un partenariat authentique avec vous, les peuples autochtones du Canada.
- De respecter la liberté et le droit des communautés autochtones de pratiquer leur spiritualité et leurs enseignements traditionnels.
- De reconnaître la valeur des enseignements autochtones traditionnels dans la pastorale et le culte chrétiens, le cas échéant en consultation avec vos aînés et vos aînées.
- De reconnaître et combattre le racisme, la discrimination et les privilèges non mérités partout où ils se trouvent dans les églises du Canada et dans la société en général .
La couleur orange, bien en vue partout au Canada aujourd’hui, rappelle la nécessité de poursuivre la réconciliation, non seulement pour les pertes de vies et les préjudices culturels causés par le système des pensionnats indiens, mais aussi pour les nombreuses injustices subies par les peuples autochtones du Canada, notamment par toutes les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
Pourquoi l’orange ? L’histoire d’un simple t-shirt orange nous vient de Phyllis Webstad qui a fréquenté un pensionnat à Williams Lake, en Colombie-Britannique, dans les années 1970. Au départ, Plyllis se faisait une joie d’aller en classe et elle était ravie de faire des courses avec sa grand-mère pour se procurer une nouvelle tenue pour l’école ; elle se choisit un t-shirt orange vif. Ce t-shirt, on le lui a enlevé à son arrivée au pensionnat pour le remplacer par l’uniforme de l’école. La perte d’une chemise orange est devenue le symbole de tout ce qu’on a enlevé aux enfants : leur langue, leur culture, leurs relations familiales et communautaires, leur sécurité et leur identité, parfois même leur vie. « Chaque fois que vous portez un t-shirt orange, déclare Mme Webstad dans la vidéo qu’elle a préparée pour la journée du t-shirt orange, c’est un peu de justice que vous nous rendez de notre vivant à nous, les survivants, en prenant conscience d’un système qui ne doit jamais plus se répéter. »
Voici des façons dont vous pouvez souligner cette journée importante:
- portez un vêtement orange aujourd’hui ou dimanche prochain;
- prenez du temps pour réfléchir, et cherchez où et comment vous pourriez participer à des manifestations de solidarité organisées par les Autochtones;
- en contexte liturgique, reconnaissez les injustices actuelles et désavouez les théologies qui empêchent les Autochtones de s’épanouir;
- priez pour que ces injustices, notamment les infractions aux traités, soient corrigées de bonne foi, ce qui ouvrirait la porte à des relations assainies et riches de sens.
Comme disciples du Christ, les membres du Conseil canadien des Églises affirment que « chaque enfant compte ». Nous nous appuyons sur la sagesse de la parole de Dieu, pour qui chaque enfant est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu et revêt donc une valeur incomparable. Nous confirmons notre engagement à poursuivre la vérité et la réconciliation, à la lumière de l’espérance fondée sur l’évangile de Jésus Christ.
Attentifs au Créateur qui nous guide
et au nom du comité directeur du conseil de direction du Conseil canadien des Églises,
Le révérend Das Sydney,
Président
Le pasteur Peter Noteboom,
Secrétaire général