Qui est mon prochain?

Qui est mon prochain?

Que signifie être Canadien? Voilà une question qui laisse perplexes les chercheurs, les législateurs et, par-dessus tout, les citoyens ordinaires du Canada. Il est d’autant plus difficile de répondre à la question, que les vagues d’immigration ont amené au Canada des personnes venues de tous les coins du monde, apportant avec elles les valeurs et les croyances de leur pays d’origine. Le problème que pose cette question semble, par ailleurs, en passe de faire partie de la solution. Le multiculturalisme est en voie de devenir une caractéristique déterminante de l’identité canadienne et une part importante de la réponse à la question. Il a d’ailleurs été officiellement reconnu par le gouvernement canadien, par l’entremise de sa Loi sur le multiculturalisme canadien.

Religion et culture ont toujours été intimement reliées au cours de l’histoire du monde. Un Canada multiculturel implique donc un Canada multireligieux. Notre mosaïque multiculturelle s’accompagne d’une riche tapisserie multireligieuse où s’entrelace continuellement un spectre de couleurs sombres et claires. Les tragiques événements du 11 septembre 2001, toujours vivants dans la mémoire collective, nous ont non seulement sensibilisés aux autres religions présentes dans notre milieu, mais ils ont dévoilé en leur sein une diversité interne allant de l’attitude fondamentaliste à celle, plus flexible, de l’accommodement. Ils rappellent douloureusement au monde que certaines Églises peuvent contribuer une motivation et un sens positifs et constructifs, mais qu’en revanche, certaines vues religieuses peuvent avoir des conséquences destructrices et dévastatrices.

Le caractère multireligieux du Canada est trop important pour être ignoré par toute institution canadienne qui pense en termes de stratégie et prend son environnement au sérieux. Conscient de la pertinence de la diversité religieuse au Canada, le Conseil canadien des Églises (CCE), fondé en 1944, a lancé des initiatives à ce sujet. Son Conseil de direction et ses Commissions se sont en effet penchés à maintes occasions sur diverses questions interreligieuses. Le Conseil ne peut que se féliciter de sa collaboration avec la Consultation canadienne entre chrétiens et juifs et le Comité national de liaison chrétiens-musulmans. Signalons également la consultation Christian Approaches to People of Other Faith, en mai 1996; une conversation sur le fondement théologique de l’engagement des Églises dans les relations et le dialogue interreligieux, en février 2004; enfin, en mai 2005, la présentation au Conseil de direction, pour discussion, d’une série de questions d’ordre interreligieux. Ces activités étaient organisées par la Commission Foi et Témoignage.

Le Conseil de direction accueillait avec enthousiasme la proposition, par cette même Commission, d’examiner en Conseil la faisabilité de la formation d’un Groupe consultatif interreligieux. L’initiative fut coordonnée par le Comité de liaison interreligieux, sous la surveillance d’un Comité consultatif interreligieux ad hoc. La présente étude, qui est le fruit de cet examen, se propose, non pas de définir les termes interreligion ni dialogue, mais plutôt de révéler l’expérience et le potentiel religieux des Églises membres du Conseil.

Il s’est tenu, de février à mai 2007, vingt et une conversations avec des représentants de vingt Églises membres du CCE. Elles prenaient la forme d’une interview axée sur des questions (soumises préalablement à chaque rencontre) au sujet du vécu, des pratiques, des espoirs et des défis entourant les relations interreligieuses en général et, plus particulièrement, le besoin de créer un Groupe consultatif et la contribution éventuelle à celui-ci. L’organisation des interviews n’a pas été chose facile, vu le calendrier chargé et le lieu de résidence de ces représentants. Leur souplesse et leur généreuse disponibilité se sont néanmoins révélées parfois créatrices et toujours édifiantes. L’exemple le plus frappant fut la rencontre avec le Père Ammonius Guirguis, de l’Église orthodoxe copte, qui eut lieu pendant qu’il se rendait au cimetière et qu’il en revenait, à l’occasion d’un service funèbre copte.

Ce voyage est devenu un fascinant pèlerinage, marqué d’émerveillement et de respect lors de la rencontre de chacune des Églises. Dans tous les cas, les représentants ont su ménager dans leur ministère quotidien des moments où réfléchir sur les questions posées par le Conseil et où partager des questions susceptibles d’éclairer le discernement interreligieux de leur Église. Ils n’ont pas hésité à exprimer leur passion et leur engagement à l’égard de la foi et de la mission qui leur a été confiée, montrant une diversité d’attitudes et de pratiques relatives au travail interreligieux. Leurs réponses franches aux questions du Conseil reflètent toutes les nuances du spectre en matière d’engagement, d’optimisme, d’intérêt ou de disponibilité, qu’il s’agisse du travail interreligieux en général ou, plus particulièrement, de l’opportunité de créer un Groupe consultatif interreligieux au sein du Conseil.

À la suite de la phase des interviews, on a analysé les réponses et dégagé des thèmes communs. Le présent rapport est agencé selon l’ordre des questions posées aux Églises; viennent ensuite les recommandations. Celles-ci sont offertes sous la forme de scénarios soumis au CCE pour examen. Les interviews sont annexées à la fin, à la suite d’un bref profil de chacune des Églises membres. On a vu souligner la pertinence de cette tâche lorsqu’un des membres de la direction du Conseil a affirmé, au cours d’une conversation, que la présence de différentes religions dans le Canada d’aujourd’hui fait penser à celle de l’ordinateur dans le monde de la technologie. Nous avons deux choix : apprendre à les connaître et vivre avec elles ou prétendre que notre environnement social n’a pas changé et nous laisser arrêter par un facteur inexorable, sans être prêts à fonctionner a plein rendement dans notre nouvelle réalité sociale.

L’auteur remercie de leur soutien les Églises et le personnel et les amis du Conseil. Sans leur aide, la nouvelle et modeste étape que représente ce rapport n’aurait pas été possible.

Carlos Hugo Parra-Pirela, M.A., M.Th..
Agent oecuménique de liaison interreligieuse Chrétienne

Téléchargez le document (en anglais seulement).

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